Discours de la Veillée du 1er mai
Discours prononcé lors de la veillée du 1er mai de la Fédération PS de Verviers - 2025.
Chères camarades, chers camarades,
Chères amies, chers amis,
On le dit souvent : le 1er mai, c'est la journée des travailleurs. Mais cette année, plus que jamais, c'est aussi une journée de résistance, de lutte… et surtout, le départ de la remontada.
Soyons francs : les résultats des dernières élections ont été un coup dur pour notre famille politique. Nous avons perdu du terrain, même là où nous étions historiquement forts. Des électeurs qui partagent nos valeurs ont préféré s'abstenir, d'autres ont été tentés par un marketing turquoise, certains par le repli, le rejet, ou même par l'extrême droite.
On ne peut pas le nier. On ne peut pas s'en accommoder. Mais on peut, on doit, y répondre. C'est tout le sens de la refondation du Parti que nous avons lancée avec l'opération Sans tabou.
Partout, dans les fédérations, les sections, les communes, nous avons engagé un immense travail d'écoute. Pas pour faire un petit lifting, mais pour repartir des attentes réelles, des colères réelles, des urgences réelles.
Nous ne reconstruirons pas une gauche forte sur des slogans recyclés ou des postures. Nous la reconstruirons avec les gens. Sur le terrain. Ensemble. Et ce travail, nous le faisons partout, avec des élu·es qui ne fuient pas la discussion, qui restent disponibles, présents, à l'écoute, et qui portent un projet collectif.
Cela fait bientôt un an que la droite gouverne, avec la coalition MR–Engagés. Et les dégâts sont déjà là. Vous vous souvenez des 500 euros promis pour les travailleurs ? On aura peut-être droit à 35 euros en 2028, si tout va bien. Il fallait que les épaules les plus larges contribuent via une taxation des plus-values ? Là aussi, c'est peanuts. Pire encore, on récompense les fraudeurs : avec une nouvelle opération de régularisation, ils pourront rapatrier leur argent non déclaré, souvent planqué dans des paradis fiscaux, sans crainte de sanctions judiciaires. C'est tout simplement révoltant.
Vous vous rappelez aussi des belles promesses sur l'enseignement, la revalorisation du métier d'enseignant, le soutien au personnel éducatif ? Une fois le gouvernement en place, les conséquences ont été immédiates : coupes budgétaires, attaque frontale contre le statut des enseignants, baisse de l'accessibilité à l'éducation… Résultat : une mobilisation massive des profs, des élèves, des parents, dès janvier.
Et ils ne sont pas seuls. Les mobilisations se multiplient, comme on l'a vu encore ce mardi : dans les hôpitaux, dans les administrations, à la SNCB, dans le secteur de la culture, du social. Pourquoi ? Parce que la politique de ce gouvernement, c'est de s'attaquer aux services publics, aux travailleurs, aux pensionnés, aux malades, aux droits des femmes, avec des réformes brutales et idéologiques.
Ce que je vois chaque jour, en tant que député à la Fédération Wallonie-Bruxelles, c'est un pouvoir qui n'a peur de rien. Ces dernières semaines, les annonces se sont enchaînées : fin de la gratuité, définancement de l'enseignement supérieur, suppression de la 7e année qualifiante, réduction du nombre de médias de proximité, mise au pas de la RTBF avec 170 suppressions de postes. Et ce n'est pas fini : on évoque la fin des nominations, l'allongement des carrières, et l'alourdissement généralisé des charges de travail.
Ce gouvernement n'est pas seulement dur. Il est de plus en plus radicalisé. Certains élus MR prennent des décisions purement idéologiques, déconnectées de la réalité, sans le moindre dialogue.
Et dans ce contexte, un autre danger s'amplifie. Nous vivons dans un monde où tout peut se dire. Même le pire. Trump peut promettre de régler une guerre en 24 heures. Ce même président pactise avec Poutine contre le peuple ukrainien, et cautionne un droit au génocide à Gaza, dans une indifférence inquiétante. En Belgique, Georges-Louis Bouchez tweete plus que la météo ne change. Il insulte les corps intermédiaires, se prend pour un McGregor de la politique belge.
La science est remise en question. Les experts sont traités de menteurs. Les faits sont relativisés. Ce n'est pas un détail. C'est un symptôme de notre époque : l'ère de la post-vérité. Une époque où la vérité ne fait plus loi, où les faits comptent moins que les émotions, où les invectives bruyantes ont plus d'écho que le réel. Et dans ce vacarme, l'extrême droite progresse. Dans le monde, en Europe, et même localement. Oui, même dans la section liégeoise du MR, on voit apparaître des adhésions à l'extrême droite.
Les digues craquent. Un seuil est en train d'être franchi.
Alors, face à cela, il y a deux choix : se taire, se résigner, laisser passer. Ou faire front.
Nous, socialistes, nous choisissons le front. Le front syndical. Le front associatif. Le front politique. Celui qui dit non à la division, non à la peur, non aux idées simplistes qui opposent au lieu de rassembler.
Et ce front, il ne se construit pas sur Facebook, Instagram ou X. Il se construit dans les quartiers, dans les écoles, dans les hôpitaux. Sur le terrain, avec les gens.
Le Parti Socialiste n'est pas un parti hors-sol. C'est un parti de terrain, présent dans chaque commune. Un parti avec des élu·es disponibles, ancrés, engagés. Qui ne promettent pas des miracles, mais qui ne fuient pas le réel.
C'est là, dans cette proximité, que nous préparons la suite. Et la suite, c'est maintenant. Dans les luttes sociales.
Oui, ce 1er mai est un tournant. Pas un jour de nostalgie, mais un jour de relance.
Nous avons été bousculés ? Oui. Mais nous sommes debout. Organisés. Déterminés. Mobilisés.
Il n'y a pas de fatalité. Il y a des choix à faire, des forces à unir, un avenir à reprendre en main.
Bon 1er mai à toutes et tous. Vive les luttes sociales. Vive le Parti Socialiste.
— Ersel Kaynak
